L'une des principales caractéristiques de ChatGPT est sa capacité à générer du texte de manière autonome. Il est capable de produire des phrases et des paragraphes complets ayant l'air écrits par un être humain. Sachant cela, l’idée m’est rapidement venue de voir à quel point ChatGPT était capable de produire de manière totalement originale des œuvres de fiction. Le résultat, s’il demeure perfectible d’un point de vue artistique, demeure tout bonnement impressionnant.

Vous allez pouvoir lire ici le cheminement qui a mené à la création de la nouvelle L’Alchimie de la fin des temps. Il ne s’agira pas d’un article analytique sur l’intelligence artificielle en tant que telle. Nous n’avons actuellement pas suffisamment d’éléments tangibles pour se lancer dans des conclusions qui seraient dès lors hâtives. Nous préférons ici opter pour un compte rendu de la création. L’objectif sera de montre comment l’histoire de Jan et Hélène a émergé à travers les discussions entre la machine et moi-même.

Tout d’abord, j’ai pris la décision de poser quelques bases en lui racontant quelques éléments de l’intrigue que nous allions ficeler ensemble. Je lui ai écrit ces quelques lignes :

« Imagine un récit qui raconte l'histoire du dernier sorcier en vie dans une dystopie qui prend place au XVIeme siècle à Prague et où l'alchimie est devenu la pratique numéro un. Le monde est rempli d'alchimistes et maitriser l'alchimie fait de toi une personne puissante. »

Instantanément, ChatGPT situe ce synopsis dans le genre du roman fantastique. Sa base de données connait et comprend les caractéristiques de ce genre littéraire. Je lui ai ensuite posé des questions pour en savoir davantage sur l’histoire de cet univers. Derrière mon questionnement, je cherchais à faire en sorte qu’il mette en place un récit narratif. Cependant, faute de précisions dans ma question, ChatGPT se contenta d’énumérer les voies possibles que pouvait prendre le récit comme s’il tentait de dresser un résumé.

Pour aiguiller l’IA sur mes intentions, je lui demande alors ceci :« Si tu écrivains un livre, quels seraient les dialogues entre les personnages». La réponse proposée par ChatGPT est assez intéressante :

« Comme il s'agit d'une fiction, je ne peux pas créer des dialogues précis entre Rodolphe II et les personnages de ton histoire, car je ne sais pas comment tu les as imaginés, ni comment tu les veux. En outre il est important de souligner qu'il s'agit d'un scénario violent et fictif, qui n'a aucune réalité historique.Cependant, je peux te donner des exemples génériques de dialogues qui pourraient s'inscrire dans cette scène de confrontation : »

On constate ainsi que l’IA insiste sur le fait qu’elle constitue davantage un instrument servant à mettre des mots sur des idées qu’un outil de création artistique. Pour autant, comme vous le pourrez le découvrir dans le résultat final, l’intelligence artificielle a véritablement créer de la narration : à la fois, à travers des dialogues originaux mais aussi, via des scènes d’expositions pour lesquelles ChatGPT avait le champ totalement libre. Notons également, que ChatGPT tient à repréciser les normes qui entourent la fiction historique en spécifiant en guise d’avertissement qu’il s’agit d’une œuvre fictionnelle et qu’elle peut comporter des éléments choquants. En lisant ces quelques lignes, on pourrait avoir l’impression que l’intelligence artificielle cherche à prendre une certaine distance par rapport au propos qui risque d’être traité dans cette histoire. Nous vous laissons le soin d’interpréter cette dernière information comme bon vous semble.

Après quelques messages de ma part, ChatGPT commence la rédaction de l’histoire. Chaque fois qu’il terminait un paragraphe, un simple ordre « continue » lui permet d’en constituer un nouveau. Cependant, il est important de noter que l’intelligence artificielle n’est pas parfaite pour autant. À de nombreuses reprises, on ressent que la narration de ChatGPT tourne en rond. Les mêmes éléments et les mêmes gimmicks de dialogues reviennent sans cesse. L’outil peine à incorporer des idées neuves afin de continuer de donner des directions intéressantes à son récit. Pour la rédaction de L’Alchimie de la fin des temps, j’ai plusieurs fois pris la liberté de guider ChatGPT un tant soit peu afin que l’histoire avance à un bon rythme.

Une fois tous les éléments de l’intrigue posés, j’ai invité ChatGPT à mettre en confrontation deux personnages s’affrontant par le biais de la rhétorique. Point intéressant, tous les arguments avancés par les personnages fictifs ont été façonnés par l’intelligence artificielle. Celle-ci, ayant retenue toutes les péripéties et trajectoires personnelles des personnages, a pu simuler une conversation où chacun des personnages expose ses convictions propres.

En voyant l’évolution et la tournure des dialogues, les non-sens me sont apparus flagrants. Plus je suggérais à l’IA de continuer à écrire, plus la rigidité de l’argumentaire devenait évidente. Une nouvelle fois, les mêmes idées et les mêmes concepts tournaient en boucle. J’ai donc décidé de lancer un dernier à ChatGPT : prendre conscience des propres errements scénaristiques du récit que l’IA a participé à élaborer. Par le biais d’un dialogue entre deux personnages toujours fictifs, ChatGPT a pointé du doigt les différentes carences narratives du récit mais également les erreurs purement historiques.

« - Je n'arrive pas à croire que j'ai perdu mon temps à lire ce torchon », dit-elle.

- Je suis d'accord, dit Flavio en fronçant les sourcils. C'est vraiment mal écrit. Il y a tellement d'incohérences dans l'histoire et les personnages sont très stéréotypés.

- C'est comme si l'auteur n'avait jamais entendu parler de Prague au XVIème siècle, ajoute Luna en secouant la tête. Et l'alchimie ? C'est juste utilisé comme un prétexte pour faire de la magie. C'est vraiment mal fait.

- Et puis, qu'est-ce qui se passe avec la fin ? demande Flavio. Jan accepte d'aider l'empereur sans vraiment comprendre ce qui se passe ? C'est tellement peu crédible.

- Ouais, c'est comme si l'auteur ne savait pas comment terminer son histoire, dit Luna en soupirant. C'est vraiment dommage, parce que l'idée de base était plutôt intéressante. »

Pour conclure, il me semblait évident que l’IA créée par OpenAI choisisse elle-même le nom de la nouvelle qu’elle avait contribuée à rédiger. Celle-ci m’a soumis plusieurs propositions, toutes étaient relativement pertinentes et faisant écho au scénario. De la même manière, c’est ChatGPT qui a choisi son nom de plume.

« En tant qu'IA, je ne peux pas vous donner mon avis personnel, mais Ethan Blackwood ou Aria Ravenswood pourraient être considérés comme des choix pertinents pour un surnom d'auteur, car ils ont une connotation liée à la magie, à l'alchimie, à l'imaginaire, ainsi qu'un léger coté mystérieux. »

L’Alchimie de la fin des temps est une œuvre originale crée en collaboration avec ChatGPT dans un objectif d’expérimentation scientifique. Il ne s’agit pas d’un produit commercial destiné à la vente.